( Houleux & Sulfureux ) P

Geenether Cavalli =3

Les Glaciers... lieu qui suscite un peu de curiosité, sentiment qui immergeait bien vite Hounia dès qu'elle pénétrait dans un lieu nouveau. Une cacophonie presque silencieuse s'étendait sur le lieu : les bruits de l'eau, les grondements du ciel & autre sons. Le firmament était noir, non seulement à cause de la nuit tombée il y a peu de temps, mais aussi à cause d'une météo capricieuse. Les éclairs zébraient le ciel, seuls faisceaux de lumière qui permettait à la demoiselle de se repérer à travers les terres froides. Une pluie glacée tombait en rafales, humectant le moindre être qui n'était pas capable de trouver un abri... Flamencie en faisant parti.
D'une marche quelque peu taciturne et désespérée, le regard vaguant sur tout ce qui l'entourait, la demoiselle avait beau chercher, tourner en rond, aucun abri ne lui faisait face. Bientôt, elle perçut l'eau. Déchainée, de houleuses vagues, sulfureuses, se levaient et retombaient dans un épouvantable son sur la glace & ses glaciers, qui chancelaient de droite à gauche.

Hounia fit volte-face, sans demander son reste. Une peur assez soudaine s'était emparée d'elle : si elle restait trop longtemps devant les vagues, peut-être serait-elle happée par ces dernières qui l'emporteraient dans les profondeurs d'une mer glaciale... et rien qu'au mot 'glacial', Flamencie frissonnait. Le vent faisait onduler sa crinière, l'eau ruisselait sur son corps, et le froid lui lancinait -lentement- les entrailles. Tout d'un coup, ses naseaux perçurent une odeur inconnue, mais d'un mâle. Et une ombre surgit au loin. La demoiselle s'immobilisa, quelque peu étonnée de la venue de quelqu'un dans ces lieux.

Progressant dans la neige à pas feutré, le petit étalon ivoire luttait contre les violentes rafales de vent qui lui soufflaient au visage, ralentissant considérablement sa marche. Il avait les membres endoloris, les yeux embués, et la démarche allourdie par le froid. Cela faisait quelques heures déjà qu'il était entré dans le cercle polaire des glaciers, sans même s'en être rendu compte, aveuglé par ses pensées qui lui envahissaient l'esprit. Désormais, la nuit tombait, et il n'avait aucune idée de la façon dont il pourrait sortir d'ici. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il fallait qu'il en sorte à tout prix avant la nuit.

Pas un son, pas un mumure. Uniquement le vent qui sifflotait à ses oreilles et la neige qui crépitait sous ses sabots. Etant donné le brouillard, et l'assombrissement du ciel qui faisait menacé une nuit profonde et glaciale, Cavalli ne voyait pas plus loin que deux mètres devant lui. C'est la raison pour laquelle il n'aperçut qu'au dernier moment la petite jument grise qui avançait vers lui, semblant elle aussi en piteux état. L'étalon dressa les oreilles et pressa le pas en sa direction, surpris et inquiet pour elle. Depuis quand flânait-elle par ici ? Visiblement assez longtemps pour menacer d'y laisser sa vie d'ici peu, si elle ne sortait pas de cette ére glaciaire au plus vite..
Geen' l'interpella, et la rejoind rapidement. Il posa ses naseaux contre les siens et souffla druement, espérant lui livrer un peu de chaleur, le peu qu'il lui restait. " Mademoiselle ? Ca va.. ? "

Hounia avait fermé les yeux, s'essayant à penser à quelques petites choses joyeuses qui pourraient lui donner le courage de partir de cette terre enneigée. Ses oreilles percevaient tout de même des bruits de pas étouffés par la neige, ils se rapprochaient prudemment de la demoiselle. Une voix la tira brusquement de sa rêverie. Ses yeux s'ouvrirent rapidement, et Flamencie découvrit un étalon, presque aussi blanc que la neige, lui faisant face, lui soufflant un peu d'air chaud.

La demoiselle resta silencieuse, dévisageant l'inconnu. Rencontrer quelqu'un ici lui paraissait... insoluble. Impensable. Et ce quelqu'un parlait en plus ! Se croyant soudainement prise dans un rêve, Flamencie coucha une oreille en signe d'incompréhension. Mais elle resta toujours aussi silencieuse, le corps un peu tremblotant.
Elle cligna des yeux, puis fixa à nouveau l'étalon. Nonnn ça n'avait pas l'air d'un rêve =P Prenant un peu de courage, Hounia ébaucha un léger sourire. " Je crois oui... je suis entière apparemment ^^ " Commença-t-elle, d'une voix légèrement chevrotante, cause du froid.

L'étalon plongea son regard ambré dans celui de son interlocutrice, ses naseaux toujours collés aux siens, profitant ainsi également de son souffle chaud à elle, tandis qu'il fournissait toute la chaleur qui lui restait au plus profond de lui. " Il était encore temps de vous sortir d'ici alors.. " L'arabe laissa son regard courrir sur les alentours. Tout était blanc, aucun point de repaire, la même étendue de neige sur des infinies kilomètres, et quelques mètres en contrebas, une mer glacée qui se rabattaient avec violence contre les côtes escarpées des glaciers. Il se reconcentra alors sur la petite grise et ajouta : " .. Avant que le froid ne vous découpe en petits morceaux " Un sourire compatissant qui semblait vouloir dire ' Si vous acceptez mon aide, je suis là maintenant. Faîtes-moi confiance. ' fit irruption sur ses lèvres cendrées, cherchant à la réconforter, à la réchauffer, à ressourcer les dernières énergies qui lui restaient pour franchir l'étape la plus dure : Trouver une sortie à cet infernale cercle polaire.

Mais pour qu'elle ait confiance en lui, Geen' devait tout d'abord avoir lui-même confiance en lui. D'un pas sûr, il démarra d'une traite, créant un sillon dans l'épaisse couche de neige et invitant d'un signe de tête la petite femelle à le suivre. " Venez.. " Bon, il était clair qu'il ne l'obligeait en rien, mais le lui conseillait tout de même fortement. Et puis il fallait compter que ça l'aidait également beaucoup d'avoir la ' responsabilité ' d'une jument, ça lui rendait toute la force nécessaire pour continuer, et ravivait tout espoir possible.

Elle arrivait encore à tenir face aux bourrasques de vent ? Alors visiblement elle était bien plus habituée à ce milieu climatique que Cavalli, qui lui était prit d'assaut par de douloureux frisson chaque fois que la brise nordiste lui soufflait au visage. Son poil était humide et il avait l'impression d'être trempé jusqu'aux os, ce qui n'était pas totalement qu'une impression. Son corps était gelé, et à chaque nouveau pas, il se demandait s'il arriverait à soulever ses membres ou si ceux-ci se briseraient sous lui avant. Il avait également le sentiment que s'il restait encore quelques minutes de trop dans ce désert de glace, il se solidifirait en un glaçon statique, et c'est à cette pensée qu'il prit son courage à deux mains et pressa l'allure, terrifié par l'idée de perdre sa vie ici, dans quelques poignées de minutes à peine. Il en avait presque oublié la jument qui progressait derrière, dans les traces de son sillon.

C'est quand elle l'interrogea, qu'il se rappela de sa présence et qu'il se tourna vers elle, posant ses prunelles vides et souffrantes sur son petit corps grisaillant et presque invisible dans la neige, tout en se stoppant pour l'attendre. Il lui fallut presque autant de force pour s'arêter qu'il en avait sollicité pour accélérer quelques temps plus tôt, mais il le fit, pour elle. " Pas vraiment. " Répondit-il séchement, un peu contre son gré mais il n'y pouvait rien. La décontraction de la femelle et son aisance qui contrastait avec sa souffrance à lui l'agaçait. Lui voulait se tirer d'ici au plus vite, avant d'y laisser sa peau, mais elle ne semblait pas très coopérative.
" Pressons un peu. " Et il reprit le pas, se replongeant dans une mécanique rythmée et cadencée, légèrement accélérée.