Parmis la Brume - PR

RASPERRY BOOM =)

Ce jour-là, la brume enveloppait les lieux de son voile gris et poussiéreux, tachant les alentours de ses lambeux irréguliers. Le fait que ce soit l'après-midi n'était pas évident mais j'avais compté les heures de solitude cette matinée-là et je savais à peu près à quoi m'en tenir. J'avançais d'un pas souple et silencieux qui ne venait à aucun moment troubler le silence des lieux et la sérénité quelque peu douteuse de cette journée. J'avais eu ma dose de sang un peu plus tôt et la bonne humeur c'était alors emparé de moi. Jusqu'alors, j'étais fier d'avoir plutôt bien géré mes besoins quotidiens et j'étais étrangement calme. Certes, je n'avais rencontré que très peu de monde et je m'étais tenu à une distance respectable d'eux. Deux ou trois cent mètres. Pitoyable. Perpétuant ma course avec la solitude qui était finalement ma seul alliée dans cette malchance, je m'enfonçais irrémédiablement dans les Terres Escape, terres qui n'étaient pas sensées être miennes. Mais après tout, aucune d'elles n'étaient réellement à ma portée. Je n'avais absoluement pas ma place. Un intrus. Alors qu'importe. Je n'avais qu'à mentir sur mon clan. Je commençais à avoir l'habitude d'esquiver les questions trop profondes, trop gênantes, je n'avais qu'à mettre mon expérience à l'épreuve.

Bien que la brume habitait la totalité des lieux, j'aperçus bientôt l'imposante structure sombre qui se découpait davantage au fil de mes pas sur le paysage amazonien. Accélérant l'allure, la curiosité me tiraillant, je me dirigea avec rapidité vers le Temple. Laissant mon regard ocre glisser sur ses pierres, je m'immobilisa dans un silence pesant qui pourtant ne me dérangeait nullement et étouffa un léger soupire.

Malgré la densité de la brume qui recouvrait la totalité des terres, la petite jument rouanne avait tout de même décidé de sortir de son trou. La tête embrumé par une nuit longue et froide, elle avançais au petit pas, prenant garde à ne buter sur aucun obstacle. Le soleil tardait a apparaître ce matin là, ou s'était tout simplement les nuages qui faisaient barrière. Dans les deux cas, la petite demoiselle rageait intérieurement de n'avoir rien pour réchauffer son petit corps meurtri.
Bientôt , elle découvrit une imposante ' ruine ' s'offrir à elle, et aventureuse dans l'âme, elle ne se posa même pas la question si l'endroit représentait quelque chose de dangereux .

Elle entama une ascension périlleuse qui consistait à surmontait un amas de gravas pour accéder à une plateforme en dalles. Le sol instable s'étalait lentement sous ses sabots fins, pouvait à tout instant faillir. C'est avec souplesse que la jument arriva à l'entrée du temple sans dommage matériel Razz

Un 'Gasp ' de stupeur sorti naturellement de sa gorge suave et enjouée. La jument se montrait en ectase devant ce bâtiment centenaire de toute beauté. mais une odeur inhabituelle vint la tirer de sa rêverie .

Serait-ce moi qui dégage une odeur inhabituelle ? L'étrangeté de mon comportement se sentirait-il au nez ? Razz

J'en doute. La tienne en revanche m'attire comme un aimant. Je fronce le nez à ton subtile parfum qui se propage autour de moi, porté par les légères vagues du vent. Je pince mes naseaux. Tout cette douceur que tu dégages commence d'ores et déjà à me monter à la tête et je ne veux en aucun cas perdre le contrôle de moi-même. Mes muscles se tendent dès l'instant où tu apparais dans mon champ de vision. Ta silhouette grise se découpe difficilement parmis la brume mais je finis par la percevoir très nettement. Demeuré immobile, j'inspire profondément, chose stupide puisque ton parfum stabilisé dans l'air en profite pour s'infiltrer dans mes poumons. Si tu savais Princesse... Ma queue fouaille derrière moi avec un agaçement que je refoule perpétuellement et, à mes risques et périls -aux tiens plutôt- je m'avance d'un pas saccadé vers toi, tendu comme un arc, mes muscles saillants durçis sous ma peau fine.

Je n'aurais le droit à aucune erreur. Quoi que, ta disparition sera-t-elle vite remarquée ? N'est-il pas possible que tu t'éclipses à l'insu de tous pour conquérir de nouvelles terres ? Mon regard qui s'est considérablement assombrit au cours de ces deux dernières minutes se pose sur toi, ton visage angélique à l'air émerveillé. Tu es ravissante dans la brume. Une goutte s'écrase sur mon dos. Pluie ou humidité débordante ? Je ne saurais le dire. Je ne m'en soucis guère et continue d'avancer vers toi lentement.

Il ne fallut qu'une fraction de seconde à la petite rouanne pour décrocher son regard du temple pour s'attarder à contempler l'étrange étalon qui s'approchait d'elle . A chacun de ses pas, l'odeur masculine et puissante qu'il dégageait s'intensifiait et Boom se confirmer que tout ceci n'était pas le fruit de son imagination. Il lui arrivait parfois , lors des temps durs, et comme aujourd'hui, de laisser son imagination débordante prendre le dessus. Plus d'une fois, des événements n'avaient été que ' Mirage ' . " Vous semblez nerveux .. ? " La rouanne engagea la conversation avec un sujet dont elle ignorait totalement que la principale cause était ... elle XD

sa queue fouilla l'air dans un petit claquement bruyant et la jument reprit un pas vif pour se rapprocher d'une grande porte en bois , entrée du magnifique temple. Alors que la brume faisait mine de se dissiper peu à peu, ce fût la pluie, lourde et fraîche qui vint la remplacer. Les grosses gouttes s'éclataient violemment au sol et celui-ci donnait l'effet de bouillonner. La jument se lova contre un mur de pierre froid pour s'abriter des caprices de la météo et posa son regard pétillant sur l'étalon ébène, scrutant le moindre de ses mouvements Razz

L'impact est imminent. Tu seras la première rencontre depuis mon arrivée. Celle qui déterminera la suite. Rester ou partir à nouveau. Pour le moment, aucun de nous, toi comme moi, ne savons si demain nous serons encore là. Je ne m'attendais pas à ce que tu engages aussi facilement la conversation. J'ai pour habitude d'être évité et le fait que tu me laisses venir à toi ne présage rien de bon. Mais je prends le risque. Certes, cela reste égoïste mais tanpis. Ta voix délicate s'empare de l'atmosphère humide et je la laisse s'évanouir avec le vent. Me percerais-tu aussi facilement que tu le laisses entendre ? " Devrais-je l'être ? " Ces mots sonnent faux et le ton froid que j'ai tenté de couvrir se fait sentir dans ma voix de velours. Je me suis immobilisé à quelques mètres respectables de toi, simple distance de sécurité. Pourtant, tu t'éloignes bientôt vers la grande porte du temple qui semble scellée par les années. Je te suis du regard, impossible de faire autrement.

La pluie s'abat brutalement sur mon corps, le martelant avec haine, comme pour me punir de mes actes futures. Demeurant d'une impassibilité douteuse, l'eau s'écoule bientôt sur mes crins et mon front. J'apprécie d'autant plus le parfum humide et terreux que fait ressortir la plus qu'il couvre le tien si alléchant. Après quelques brèves minutes pourtant, je me meus silencieusement jusqu'à la porte, passe non loin de toi que je tente d'oublier, et pousse l'immense entrée qui grince sous mon poids en un gémissement lugubre. Je te coules un regard interrogateur. Viens ma Belle, tu mérites un autre abri que celui que tu t'es trouvé. Mais après tout, peut-être ne voudras-tu pas me suivre. Il serait préférable pour toi de faire ce que te souffles ta conscience mais ce serait tellement dommage.