Glaces Eternelles - PR

THINK ME

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Les Glaciers se dressaient parmis les nuages qui bousculaient le ciel, impressionants et éternels. Je leur enviais leur paisible vie sans chaos, sans problème, leur vie interminable. Aucun soucis à l'horizon en ce qui les concernaient. Dieu ne pouvait-il donc pas donner cette même paix à chacun ? Il faut croire que non. Avide de connaître le secret de cette immortalité que je semblais chérir, je me suis aventuré sur leurs versants glaciales, luttant contre le vent mordant. A vrai dire, je ne m'en souciais guère. Peinant dans la neige, mon corps ébène se détachant sur ce territoire immaculé, je commençai à avoir des regrets d'ainsi m'être retiré de toute trace de vie. La soif commençait d'ores et déjà à se faire sentir. Et cette soif était impossible à éteindre dans ces lieux inhabités. Il me fallait faire demi-tour. Je n'aurais jamais l'occasion de monter au sommet. Admirer la vue perché sur leurs hauteurs ne me concernera jamais. Un soupire s'extirpa de mes naseaux et je fins demi-tour, m'engouffrant dans les vastes traces de mon passage qui me permettraient d'atteindre au plus vite la vallée où le réconfort m'attendait. Et quel réconfort...

Et pourtant, ce put*in de destin qui avait toujours géré ma vie intervint encore. Un parfum, délicat, sucré, si velouté parvint à mes naseaux, colporté par le vent, ce traître d'élément. Aussitôt, ma réaction fut vite. Je pinçai mes naseaux et il me fallut tenter de passer outre l'envie, oture la curiosité qui me poussait à regarder autour de moi pour entrevoir quelle fut la demoiselle qui pouvait porter pareil parfum. Je ne mis guère de temps à l'apercevoir, mon empressement aiguisant mes sens. Tu te découpais un peu plus en contre-bas, inssouciante, insconciente de ce qui risquait de se passer.

Les premiers pas de Think Me au sein des terres de HF ne furent pas très glorieux. Elle qui a toujours détesté le froid et la neige depuis sa plus tendre enfance, elle qui contrairement à beaucoup de poulains ne s'est jamais émerveillée devant un flocon de neige tombant délicatement du ciel, la voilà perdue au milieu des puissants glaciers qui trônaient en roi dans toute cette neige... Il fait froid, très froid, trop froid. Presque congelée sur place, la petite jument peinait à avancer. Pourtant, il le fallait! Sa belle robe blanche n'était pas des plus voyantes parmi la masse de neige qui s'étaient formée ici-même. Seul son odeur sucrée et attirante aurait pu titiller les naseaux d'un éventuel équidé qui passerait par-là dans le plus pur des hasards. Think soupira doucement, tentant de se réchauffer avec la petite buée chaleureuse qui s'échappait de ses doux naseaux. Un membre après l'autre, elle progressait innocemment dans la neige trop épaisse pour sa petite taille. Sa vision était faible, son état se dégradait, ses dernières forces la quittaient progressivement, ce qui la poussa à s'arrêter. Elle souffrait. Malgré sa rage de vivre, elle ne pouvait nier que le froid était plus fort qu'elle. Elle ne savait pas où aller pour se protéger, aucun signe de vie à l'horizon, la chance n'était décidément pas de son côté. Quand soudain... Une silhouette noire apparut au loin, d'abord floue, puis de plus en plus nette. Think Me redressa son encolure, intriguée par cet équidé téméraire qui s'était lui aussi fourré dans une bien sale situation. Elle poussa un petit hennissement aigu, presque imperceptible, espérant néanmoins que l'étalon qu'elle avait senti pourrait l'entendre. Elle ne savait pas qui il était, elle ne connaissait pas ses intentions. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'il l'avait repéré. La jeune jument tremblait, ses muscles étaient tendus et frigorifiés à l'intérieur d'elle. Elle tenta de faire un pas, puis un autre, se rapprochant tout doucement du grand noir quelques mètres devant elle. Peut-être était-ce son sauveur? Peut-être était-ce son tueur? Qui sait, le monde est grand et ses habitants sont tous très différents les uns des autres. Mais la petite Think avait un espoir de survivre à ce froid glacial. Juste un. Et c'était lui.

Ton hennissement fut telle une douce mélodie à mes oreilles, presque hyptnique, il faillit me tirer de mes traces. Non, il ne fallait pas ma Belle. Je ne devais en aucun cas m'approcher de toi. Pas maintenant, je n'étais pas en état. Mieux vaut pour toi que le froid te prenne avant que je ne le fasse. Et pourtant, je perçois ton regard empli de détresse malgré la distance qui nous sépare. Si tu savais que tu es proche de la vérité. Je suis à la fois ton protecteur et ton tueur. Celui qui veux te sauver d'une mort qui se profile à ton propre horizon et qui finalement, ne fera que la repousser pour lui-même t'achever. C'est cruel n'est-ce pas ? Et j'en suis conscient. Du moins, je sais que cela peut se terminer comme ça. Je pousse un soupire. Oublie-moi Princesse, je ne suis qu'un mirage, un sauveur de passage. Je reprends ma route qui m'éloigne de toi, poussé par ma conscience qui me persuade que tout cela vaut mieux pour toi. Tu t'écartes petit à petit de mon champ de vision, disparaissant derrière moi. Tu dois probablement me prendre pour un idiot, un égoiste. Si tu savais. A moins que tu ne mettes cette vision sur le compte du froid. Le froid. Il me mord les flancs et, bien que j'essaye de contrôler le flots de pensées qui m'assaillent, je l'imagine te brûler les tiens et consumer tes dernières forces. Un grondement rageur s'extirpe de mes dents et je fais brusquement demi-tour, remontant la fine pente de mes traces, revenant sur mes pas, revenant vers toi.

Tu ne sembles pas avoir bougé. Je trace un nouveau chemin dans la neige dénuée de toute trace et avance avec peine, je lache un hennissement court qui se répercute dans les Glaciers. Il y a dedans une poussé d'envie que je m'efforces de cacher à moi-même. J'inspire profondément l'air jusqu'à présent vierge de ta subtile fragrance avant qu'il ne me parvienne aux naseaux, refusant l'entrée d'air dans mes poumons un instant histoire de garder la tête froide, je continue mon chemin vers toi puis, lorsque je te juges assez proche, je te murmures quelques mots : " Vous vous croyez capable de bouger ?" Ma voix éraillée par l'anxiété et pourtant étrangement agacée se perd dans l'immensité.

L'aurait-il ignoré? Immobile, les 4 sabots plantés dans la neige, Think Me regardait l'étalon s'éloigner sans pouvoir réagir. Une étrange sensation d'impuissance l'envahit soudainement. Elle aurait voulu se dégager de toute cette neige, fuir la mort encore et encore, s'échapper dans une lointaine contrée semblable au paradis. Oui, elle aurait voulu... Au fur et à mesure que la silhouette noire disparaissait au loin, le monde semblait s'écrouler autour d'elle. Plus rien n'existait, tout était dors et déjà terminé, elle s'imaginait allongée par-terre, inerte, tout comme sa mère l'a été le lendemain de sa naissance. Sa naissance, ou le pire jour de sa vie... Oublier. Elle doit oublier. Sa vie est loin d'être terminée, voyons! Son regard suppliant fixait avec acharnement le jeune mâle qui était sa dernière chance de sortir de ce pétrin. Il l'avait pourtant bel et bien vu, pourquoi ne lui venait-il pas en aide? A bout de forces, la petite Think poussa un dernier hennissement. C'est alors que l'impensable se produisit. Il a fait demi-tour! L'ombre noire qui était passée à quelques mètres d'elle il y a à peine une minute est finalement revenue sur ses pas. Think Me plissa les yeux, voulant être sûre et certaine qu'il se dirigeait vers elle. Elle en avait désormais la certitude. Le grand étalon noir progressa avec quelques infimes difficultés jusqu'à elle, petite jument blanche impuissante perdue dans une tempête de neige. Mais soudain, la peur s'empara d'elle. Elle trembla de plus belle, se demandant à nouveau quelles étaient les véritables intentions du mâle. Son regard impénétrable et sa robe sombre ne pouvaient que l'inciter à la méfiance. Mais pas dans une telle situation. De toute façon, elle n'a pas d'autres solutions que de lui faire confiance. C'est soit ça, soit elle finira ensevelie sous la neige. Ou mangée par des loups, au choix. Ramenée à la vie réelle par un léger murmure, Think Me dévisagea l'étalon, puis tenta d'articuler quelques mots en guise de réponse.

« Ça.. ça ira.. Enfin.. je crois... murmura-t-elle avec difficultés.

Idiote! Tu es dans l'incapacité totale de faire un pas, et tu prétends pouvoir bouger? Think Me se rendit compte de la bêtise qu'elle avait dite, dans le seul but de garder un minimum de fierté. Elle fixa le jeune étalon d'un regard désespéré, et se retint de s'effondrer en larmes. Elle n'avait même plus la force de pleurer. Elle se forçait à rester debout! Lui devait certainement avoir compris que la jeune jument était totalement bloquée par la neige, plus faible que jamais. Du moins, il le fallait. Il fallait trouver un abri au plus vite, et attendre que la tempête se calme. Sinon, c'est la mort assurée.

La mort assurée. Mourir dans le froid ou être sauvée par moi, cela ne donnera-t-il pas le même résultat ? Celui que j'essaye de refouler me fait perdre pied peu à peu. Je fais taire cette voix dans ma tête qui persiste à me faire croire que ta disparition ne sera remarquée de personne, que si le sang qui s'écoule dans tes veines et aussi alléchant que ton odeur alors le jeu en vaut la chandelle. Agacé par ce débat perpétuel avec moi même, je te jette un regard glacial, presque aussi froid que la neige qui recouvre nos membres. Cela te concerne-t-il directement ? Je rejette intérieurement la faute sur toi. N'aurais-tu pas pu allé te promener ailleurs ? Cet endroit n'est pas pour toi ma Belle, pourquoi t'es-tu donc aventuré là ? Tu voulais me rencontrer n'est-ce pas ? Je secoue brutalement ma tête. Le côté que je refoule commence à prendre le dessus, il est temps que nous nous séparions mais je sais que cela n'est pas encore pour tout de suite. D'abord te trouver un endroit où tu seras à l'abri puis après te laisser. Tes mots sonnent faux, je lis clair dans ton jeu : " Mouais..." Dis-je d'un ton amer et peu convaincu. Je reste un moment indécis. Il va pourtant falloir te sortir de là et j'avoue n'avoir aucune envie à frôler ton corps gris. Enfin, une partie de moi s'y refuse. Une moue agacée et crispée se lit sur mes traits. Je m'avance vers toi et tasse soigneusement la neige dense de mes largres sabots. Je dégage tes membres en creusant le sol poudreux de puissants coups d'antérieurs, faisant voleter la neige derrière moi. Si la situaton avait été tout autre, j'aurais pu m'amuser à ce petit jeu, mais rien de tel maintenant. La proximité de ton corps me fait bouillonner d'une hargne insoupçonnée et qui n'a pas lieu d'être, ton parfum s'infiltrant de force dans mes poumons. Je retiens mon souffle et m'arrête par moments pour me repentir de l'air brûlant et sans effluve.

Je te dégage donc peu à peu de cette emprise glaciale puis te jette un coup d'oeil interrogateur. "Est-ce plus facile ainsi ?" Prions pour que oui. Dans le cas contraire, deux solutions s'imposeront à moins, les deux ne m'enthousiasmant guère. Un rictus plus qu'un sourire se forme à mes lèvres. Devines-tu le mal qui se camoufle derrière cette expression que je veux neutre mais qui n'est finalement qu'un masque ? Finalement, je n'attends pas ta réponse et enchaîne rapidement : "Essayez de me suivre, ne quittez pas mes traces, cela vous facilitera la tâche." Ma voix rauque s'étend dans l'immensité, laissant place à ce silence que je chéris intimement.

Think Me ferma les yeux quelques secondes. Elle essaya de régulariser sa respiration, en prenant de profondes inspirations et en se relaxant pendant qu'elle laissait s'échapper de ses doux naseaux gris des expirations saccadées par ses toussotements nerveux... Ainsi, elle se sentait déjà beaucoup mieux. En rouvrant les yeux, elle croisa alors le regard du grand mâle. Un puissant frisson parcourut sa colonne vertébrale, la faisant trembler de plus belle. Son regard, qui paraissait impénétrable au départ, révéla quelque chose de bien étrange. Quelque chose de malsain. Alors, la petite Think se posa une question cruciale... Devait-elle vraiment le suivre? Elle ne sut y répondre. L'étalon noir commença à creuser la neige qui s'était emparée de ses sabots avec une férocité rare. Ses puissants coups d'antérieurs frôlaient toujours un peu plus ceux de la jeune jument sans défenses. Celle-ci ne savait que faire, à part frémir à chaque fois que les soupirs du mâle atteignaient sa belle robe blanche couverte de neige. Elle mourrait de froid, de peur, de faim... Elle aurait pu mourir immédiatement, cela n'aurait fait que mettre un terme à la douleur qu'elle ressentait. Jamais elle n'avait ressenti une telle chose. D'un côté, elle semblait rassurée que quelqu'un lui soit venu en aide. De l'autre, elle se méfiait plus que jamais. Un mauvais pré-sentiment... Think Me secoua violemment son encolure, d'abord pour chasser la neige qui ne cessait de s'accumuler, ensuite pour essayer de se vider la tête de toutes ces grossières idées. Pourquoi cet étalon lui voudrait-il du mal? Qu'a-t-elle fait? Rien. Elle a juste mal choisi le moment de son arrivée sur HF. Très mal, même. D'un léger hochement de tête, elle démontra à l'étalon qu'elle était désormais apte à le suivre. Du moins, elle le pensait. Celui-ci se mit donc en route. Il semblait avoir repéré l'abri idéal. Think gratta la neige devant elle de son antérieur. L'épaisse masse blanche et froide semblait encore très molle. Peu importe, il fallait qu'elle marche! La jeunette se mise donc en route, suivant très soigneusement les traces de pas du grand mâle noir. Mais il avait une amplitude de foulée beaucoup plus grande. La petite blanche peinait à le suivre. Ses membres s'enfonçaient dans la neige, la faisant souffrir d'avantage. Bientôt, elle aperçut une grotte, qui semblait plutôt profonde et qui pourrait très certainement la protéger pour un bon bout de temps. Elle... et son « sauveur », à part si celui-ci avait d'autres ambitions? Peu importe. Elle sera bientôt hors de dangers. Quelques minutes plus tard, les voici à l'abri. Soulagée mais plus affaiblie que jamais, Think s'appuya sur une paroi gelée. Elle grelottait sur place, sa température corporelle était sûrement tombée bien bas depuis le commencement de la tempête. L'étalon noir restait planté à l'entrée de la grotte, le regard perdu dans le vague. Think Me cligna doucement des yeux. Elle prit son courage à deux sabots et tenta d'articuler un mot...

« Merci.. laissa-t-elle échapper dans un soupir.

Je te guides vers la grotte qui se creuse dans les glaciers. Certes, la chaleur à l'intérieur n'est pas brûlante mais cela te suffiras à te cacher du vent mordant et de la neige poudreuse qu'une glace dure a remplacé. Je te laisse pénétrer à l'intérieur de la caverne, m'immobilisant à l'extérieur, te suivant du regard. Ce même regard neutre que j'essaye de ne pas changer à ton égard. Je ne souhaite pas entré dans cet espace confiné, devinant que ton parfum a déjà pris ces droits et que cela ne serait qu'un pur suicide. Alors, je préfère encore geler dehors et me faire violenter par les bourrasques cinglantes. Mes crins s'éparpillent sur mon front et mes yeux et tu murmures ce mot infime que je n'entends presque pas. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Il ne dure que quelques secondes, aussitôt contré par un rictus nerveux. J'hôche simplement la tête et hésite à te laisser là. Es-ce bien raisonnable ? Pourtant, la soif s'accroît en moi et je perçois déjà un excès de salive dans ma bouche. Je recule de quelques pas, perplexe et désireux de ne pas commettre un acte insensé. Alors, je devine ce qu'il me reste à faire. Ce n'est pas très gai et t'en faire part ne ferait que te faires fuir davantage. Je me contente de t'annonce ma brève disparition, le temps de faire le plein, si j'ose dire. " Ne bougez pas d'ici, cela devrait vous abriter un moment avant que le vent ne tourne. " Crois-tu que je vais t'abandonner ainsi à la merci de la neige meurtrière ? Oui, probablement. Avant que tu n'es le temps de répliquer, je me faufile dans la neige, laissant derrière moi de larges traces. Si je n'avais pas honte de mes intentions, je citerai le mot chasser en ce qui me concerne mais j'avoue ne pas en être fier. Je me met aussitôt sur la trace d'un être, aussi insignifiant soit-il, qui atténuera ma soif le temps de quelques heures, le temps de te sortir plus calmement de là. C'est rapidement finit, les détails, peut-être les connaîtras-tu si tu as le courage de me les demander.

Je reviens vers toi avec rapidité. Empressement ? Oui, sûrement un peu. J'aimerais m'excuser pour ma conduite ignoble mais qu'aurais-je comme pretexte ? Je n'ai pensé qu'à écourter ta vie et qu'à te protéger à la fois ? Alors, lorsque je reviens sur mes pas, je décide de m'enfermer à nouveau dans ce mutisme et ne pipe aucun mot de mon escapade. " Peut-être qu'un endroit un peu plus approprié serait mieux... Vous n'allez pas tarder à geler si je n'm'abuse. " Je garde toujours cette distance entre toi et moi mais mon air plus détendu s'accompagne d'un sourire léger, tandis que je refuse de me concentrer sur le goût âcre du sang qui cerne encore ma bouche.

Glacée de la tête aux pieds, la petite Think se laissa glisser le long de la paroi, jusqu'à replier ses antérieurs sous son corps blanc et se coucher « en vache ». Tandis qu'elle cherchait à adopter une position confortable, l'étalon ne voulait toujours pas entrer dans la grotte et avait l'air légèrement anxieux. Mais pourquoi était-il si distant? La jeunette pointa une oreille en sa direction, l'autre étant plaquée dans sa fine crinière dorée. Son regard semblait interroger le grand mâle. Celui-ci préféra garder une attitude neutre, ne laissant aucune émotion s'afficher sur son visage. Think Me se résolut à laisser l'étalon noir réfléchir. Pendant ce temps, elle se recroquevilla sur elle-même et ferma doucement les yeux. Bien sûr, elle entendait très bien ce que lui disait l'étalon et n'avait pas l'intention de bouger d'ici même si elle ne pouvait nier qu'elle avait extrêmement froid. Le mâle, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, sortit donc de la grotte pour aller on ne sait trop où. Se changer les idées, peut-être? Il avait l'air préoccupé par quelque chose. Mais quoi? La jolie Think soupira longuement et ouvrit un oeil lorsqu'un courant d'air froid s'engouffra dans la grotte et la fit frémir de plus belle. Les minutes passaient doucement. La tempête ne cessait de s'abattre sur les glaciers, les températures ne cessaient de chuter encore et encore... Think Me recommença à se poser des questions. L'avait-il abandonné? A peine eut-elle le temps d'y réfléchir que l'étalon réapparut à l'entrée de la grotte. Il s'avança tout juste de quelques pas, encore un peu distant à l'égard de la petite blanche, bien qu'il paraissait beaucoup plus détendu après sa sortie. Cependant, en rouvrant les yeux et en humant délicatement les différentes effluves que les courants d'air lui apportait, elle remarqua qu'une infime odeur de sang planait dans la grotte... Surprise, elle regarda ses flancs et vérifia ses membres. Non, ce n'est pas elle qui saigne. Elle jeta un coup d'oeil nerveux à l'étalon. Il ne semblait pas blessé quelque part... Un léger frisson la parcourut, comme pour la mettre en garde. Sans plus attendre, lorsque l'étalon lui proposa de changer d'abri, elle hocha doucement de la tête puis se redressa avec difficultés. Elle déplia ses antérieurs et se retrouva dans une drôle de position « assise », toujours très souple et élégante. Enfin, elle poussa sur ses postérieurs pour se remettre debout. Il faisait toujours aussi froid, mais elle finira bien par s'habituer...

Une fois debout, Think Me réinspecta son corps. Toujours aucune trace de sang, bien que ses membres étaient un peu rosés par la neige qui s'était accrochée à eux. Elle tourna la tête en direction du grand mâle et s'avança vers lui. L'odeur semblait se concentrer autour de lui... La jeune jument planta son regard dans le sien, comme pour lui poser une question. Il paraissait imperturbable, pourtant il existait surement un moyen de lui faire avouer certaines choses que Think voudrait bien savoir. Pourquoi était-il si distant? Pourquoi était-il si froid, si mystérieux envers elle? D'où venait cette odeur de sang frais? La jolie blanche s'ébroua puissamment. Sa crinière en bataille retomba sur sa fine encolure. La voilà prête à affronter le froid une nouvelle fois. Mais où voulait-il l'emmener cette fois ci? Peut-être connaissait-il un endroit où la chaleur était un peu plus présente? Think Me se plaça à ses côtés. Tout près de lui. Peut-être même trop près à son goût? Un sourire malicieux s'afficha sur ses douces lèvres grises. Elle fixa attentivement l'étalon, en attendant impatiemment sa réaction. Allait-il l'ignorer encore une fois et se mettre en route sans attendre? Enfaite, peu lui importait, tant qu'elle trouvait un meilleur endroit où se réchauffer. Et peut-être aura-t-elle l'occasion d'apprendre à le connaître? Pour cela, il fallait déjà se faire connaître...

« Allons-y. Au fait... Moi c'est Think Me. glissa-t-elle à son oreille.

Tu as du cran ma Belle. Bien que tu sembles gelée de toute part, la ténacité dont tu sembles faire preuve m'arrache un sourire infime qui s'adresse plus à moi-même qu'à ton regard interrogateur. Je t'observe te lever et hésiter à t'aider. Mes pensées t'accompagnent dans tes pénibles mouvements mais cela comptent-il vraiment ? Je ne pense pas. Qu'importe, mon corps reste immobile à quelques mètres de toi. Tu t'avances alors vers moi dans un courage que je ne pourrais te décrire, ne sachant dans quelle position tu te mets. J'aurais aimé te prévenir mais je sais bien que cela n'aurait fait que te faire fuir, ce que je ne souhaite pas. Tu es ma première rencontre depuis des mois et je ne veux la gâcher par des paroles déplacées. Pourtant, je te glisse un regard un peu abrupte qui j'espère te fera reculer. Ta voix douce que je commence agréablement à connaître glisser quelque smots délicieux à mon oreilles et je saisis ton nom du bout de tes lèvres grises. Think Me. Mes traits demeurent impassibles c'est vrai mais mon regard ocré t'apprendra que je suis ravi de l'apprendre, ce que je m'efforce de cacher pour ton bien. Encore faut-il que tu saches le déchiffrer. La proximité de ton corps et encore ce scandaleux parfum qui émane de toi me crispe. Mes muscles se tendent, je ne peux les retenir de se glacer sous ma peau fine. " Cursed Circle. " Dis-je doucement, ma voix tintée d'une étrange sérénité malgré mon apparence peu amène. " Inutile de le retenir, je ne pense pas que nous serons amenés à nous revoir... " Je n'ajoutes rien, te laissant le loisir de penser que ta compagnie ne met pas agréable, ce qui d'après n'est qu'une ineptie méprisable. Si tu savais, cela serait plus simple. Je n'aurais aucunement l'idée de te blesser puisque tu m'aurais déjà fuie sans te retourner. Te protéger, une part de moi s'en fou royalement mais j'avaoue que ma dignité et ma conscience sont la pour peser sur la balance du bon sens.

Je m'engage devant toi dans la poudreuse et aussitôt, le vent s'empare de mon corps sombre, s'acharnant sur lui avec une violence que j'avais sous-estimée. Je réalise que te laisser en proie avec cet élément déchaîné ne serait qu'une bêtise de plus et j'attends alors que tu me rejoignes. Cette fois-ci, tu va devoir faire ta trace toute seule Princesse, mais je tenterais en revanche de te protéger du froid. Nos deux corps bien trop proches à mon goût m'arrachent une moue amer mais je prends ma tâche au sérieux et te jettes un coup d'oeil tandis que je cale mon pas sur le tien légèrement plus lent. Nous avonçons ainsi vers les arbres qui se dresse en contre-bas, un endroit qui nous abritera davantage du vent furieux.

Think Me continuait de fixer l'étalon noir d'un regard très appuyé, comme pour lui démontrer qu'elle avait comprit certaines choses qu'elle n'aurait peut-être pas du comprendre maitenant. Mais il est trop tard pour oublier. Ses soupçons se confirmaient un à un. L'odeur de sang avait presque disparu et ne sera bientôt plus qu'un lointain souvenir. La petite blanche ne savait cependant toujours pas d'où celle-ci venait. Tandis qu'elle s'était à nouveau plongée dans ses pensées encore trop floues, une voix masculine mêlant douceur et sérénité se fit entendre. Cursed Circle... Ce mystérieux étalon noir avait donc pour nom Cursed Circle. Le sourire malicieux de la jument blanche s'effaça progressivement, laissant place à une mine terriblement sérieuse. Après réflexion, Think Me décida de ne pas trop se compliquer la vie avec ses questions inutiles, ce qui ne ferait que retarder l'étalon. Celui-ci avait d'ailleurs ajouté d'une voix un peu plus amère qu'ils ne se reverraient surement pas. Surprise, la petite jument le dévisagea longuement. Que voulait-il dire par-là? Qu'en savait-il? Peut-être n'avait-il simplement pas envie de la revoir... Cela aurait pu la décevoir. Pourtant, derrière son regard confus, elle savait très bien que cette phrase avait un double sens qu'elle ignorait. Ce Cursed avait le don de l'embrouiller! Tout ce qu'il disait semblait avoir un sens caché. Think renacla bruyamment et attendit que l'étalon prenne un peu d'avance pour le suivre. Elle eut tord d'attendre autant. La voilà frigorifiée et à la traîne, en plus de ça!

Think Me se décourageait au fur et à mesure qu'elle avançait dans le seul espoir de rattraper Cursed Circle. Et comme par magie, quelques mètres plus loin, ledit étalon l'attendait. Il avait surement remarqué qu'elle prenait du retard. La jeunette s'efforça d'afficher un sourire reconnaissant sur ses fines lèvres grises. Sa robe blanche d'origine commençait à se faire recouvrir de neige. La petite jument soupira longuement puis jeta un oeil au grand mâle qui marchait juste à côté d'elle, à son rythme. Il semblait plutôt crispé et une moue amère se dessinait progressivement sur son visage déjà bien assombri. Think fut amusée de voir qu'il se collait à elle de lui-même alors que cela ne l'enchantait pas du tout! Dans le fond, peut-être que derrière ses airs mystérieux et distants se cache un gentleman qui ferait n'importe quoi pour protéger ces demoiselles du froid glacial? (a) Depuis quelques bonnes minutes, la jolie jument blanche fixait son « compagnon », sans même s'en apercevoir. Ses membres engourdis par le froid peinaient à se frayer un chemin dans l'épaisse masse de neige. En tournant la tête, elle aperçut au loin un petit regroupement d'arbres au feuillage dense qui les protégeront aisément du froid. Collée aux flancs du jeune étalon, Think continuait sa marche désormais emplie d'espoirs grandissants au fond de son petit coeur. Les voici arrivés sous les arbres. Ne souhaitant pas gêner Cursed, Think préféra s'appuyer sur un tronc plutôt que de se coller encore plus à lui. Elle commença alors à l'observer, toujours aussi impatiente de savoir ce que l'avenir leur réservait.

« Et on fait quoi, maintenant? demanda-t-elle timidement.

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Ton corps ne cesse d'effleurer le mien et je dois me porter au loin, vers les arbres pour en oublier ce contact charnel qui ne fait qu'empirer les choses. Comme si j'essayais de détacher mon esprit de mon corps. Ton regard rivé à moi, je le sens peser sur mes épaules et je me tourne alors lentement vers toi et le soutient, sans sourciller, peut-être un peu plus froid que je ne l'aurais voulu. Il va falloir t'y habituer. Enfin, le couvert des arbres nous offre le répis dont nous avions mutuellement besoin. Je lache un léger soupire de soulevant. Cela avait été plus simple que je ne l'avais voulu. Aussitôt, un coup de vent frais balaye mon flanc gauche où tu te trouvais serrée jusqu'à présent. Tu t'es légèrement éloignée et je t'en remercie silencieusement. Tu tournes vers moi ce regard animé d'une curiosité évidente et je le croise un instant avant que ta voix ne s'élève de nouveau, toujours aussi plaisante. On ? Mieux vaudrait pour toi qu'il n'y ait pas de "nous" qui tiennent. Je me retiens cependant de dire cela à voix haute, chose qui pourtant, aurait été préférable pour toi. " Trouvons un abri digne de ce nom et on avisera. " Dis-je d'un ton plat.

Je m'enfonce donc dans cette forêt qui se révèle plus épaisse que je ne l'aurais cru au premier abord. Je me glisse avec facilité entre les troncs tantôt minces tantôt épais des conifères qui résistent au froid perpétuel de cet hiver infini. Par terre, sous nos sabots devenus silencieux, un léger tapis de mousse a pris la place de la neige glaciale. Je te guides dans ce sous-bois relativement sombre, sur un chemin que je semble le seul à connaître et qui pourtant m'est inconnu. Enfin, ce que je cherchais se dresse peu à peu devant moi. Un tronc d'arbre qui n'a semble-t-il pas résister aux assauts du vent s'est incliné au travers des arbres et ces branches nous offre même un toit. Idéal. Je m'arrête, ne doutant pas que tu me suis encore et me retournes vers-toi. " Cela est mieux je pense. " L'ocre de mes yeux glisse sur ton visage et j'esquisse un sourire amical qui devrait te surprendre. " Je pense que vous feriez mieux de vous reposer. " La suite sera peut-être longue. Je garde avec toi cette distance de précaution, autant dans les mots que dans les gestes. Pas de tu, cela serait trop intime je pense. Mieux vaut ne pas s'attacher. Je glisse un peu de côté et te laisse libre accès à ce lit de mousse.

Think Me partit à la suite de Cursed Circle, s'enfonçant dans la forêt avec hésitation mais d'une démarche toujours gracieuse et féminine. Le sentier sur lequel ils s'étaient embarqués semblait sans fin... Zigzaguant habilement entre les troncs d'arbres aux épaisseurs très différentes les unes des autres, la jolie blanche finit par arriver à destination, toujours aux côtés du grand mâle. Ici, pas un flocon de neige ne pouvait les atteindre... ou presque. Il faisait toujours très froid, mais beaucoup moins que lorsqu'ils étaient encore plongés en plein coeur de la tempête. Le sol ne ressemblait absolument plus à une grosse couche de neige glaciale. C'était un petit lit de mousse confortable. Émerveillée par l'endroit splendide où Cursed l'avait emmené, la jeune Think n'avait pas vraiment sommeil mais elle ne pouvait pas non plus nier qu'une petite pause lui ferait le plus grand bien. Elle regarda l'étalon noir, un large sourire aux lèvres, puis se coucha souplement, toujours dans sa fameuse position « en vache ». Elle cligna doucement des yeux et fixa Cursed pendant quelques secondes. Pourquoi ne s'allongeait-il pas? Peut-être avait-il encore quelque chose derrière la tête... Maintenant qu'ils étaient au calme et à l'abri des courants d'airs, Think Me aurait bien aimé éclaircir la situation. Elle ferma les yeux quelques instants et tenta de se remémorer toute l'histoire. Elle était donc arrivée en milieu d'après-midi vers les glaciers. Perdue et désespérée en pleine tempête, elle avait fini par apercevoir cette silhouette noire des plus mystérieuses. Cette même silhouette s'avéra être Cursed Circle, un étalon froid et distant qui cache surement bien d'autres facettes de sa personnalité étrange. Ils sont allés s'abriter dans une petite grotte. Cursed s'est absenté quelques longues minutes pour faire on ne sait trop quoi, tandis que Think reprenait des forces. A son retour, une odeur de sang a commencé à se faire sentir... Mais à peine eut-elle le temps d'y réfléchir que la petite Think se retrouvait à nouveau dans la tempête, cette fois ci collée au grand mâle qui la conduit dans un autre abri beaucoup plus sûr. Cet abri s'avéra être un petit coin tranquille au fin fond de la forêt, isolé de tout. Et les voilà maintenant, en fin d'après-midi. Le soleil ne va pas tardé à disparaître au loin, derrière les montagnes, laissant place à une nuit sans doute très froide. Think Me restait allongée, pensive. Cursed gardait son attitude neutre bien qu'un petit sourire sincère s'était affiché sur ses lèvres noires entre temps, chose qui il faut bien l'avouer, surprit un peu la jolie blanche. Si elle savait... Elle est loin d'être arrivée au bout de ses peines. Après avoir longuement réfléchis, la jeune PSA ouvrit brutalement les yeux. L'étalon était toujours là. Va-t-il rester à ses côtés? Ça, elle aimerait bien le savoir. Mais elle préféra attendre qu'il ne bouge de lui même. Elle ne dormira pas avant d'être sûre qu'il ne l'abandonnera pas. Elle n'est pas du genre à s'attacher rapidement aux équidés qu'elle rencontre, pourtant le fait d'être constamment vouvoyée et repoussée par le grand mâle commençait à la gêner. Peut-être que Cursed n'aimait pas être tutoyé? Une lueur de malice traversa le regard de la jolie Think. Loin d'elle l'envie d'énerver ce bel étalon au regard impénétrable, mais la curiosité la poussait à poser certaines questions parfois un peu brutales ou intrigantes...

« Dis, tu comptes rester avec moi.. ? demanda-t-elle (à ses risques et périls), espérant au plus profond d'elle-même que la réponse serait positive. Elle n'aime pas la solitude...

Je suis tes moindres mouvement de mon regard ocré, cherchant à savoir ce que tu penses de mon attitude plus que défensive, répulsive je dirais. Car finalement, je ne fais que te repousser à chacune de tes tentatives d'approches. Tu te glisses sur le tapis de mousse et te couches aussitôt. J'observe un instant tes traits harmonieux bien que tirés et malmenés par la fatigue et le froid puis lache un infime soupire. Baissant la tête, j'inspire profondément l'odeur humide du sol verdâtre puis cherche à trouver un coin tranquille où ton odeur ne me dérangerait pas, où mon absence de présence ne sauterait pas aux yeux. Car je n'agis pas sans ignorer que cela recommencera, il me faudra une nouvelle fois m'eclipser. L'habitude de la chose me pousse donc à me retirer légèrement, m'enfonçant dans la pénombre d'un sapin. Je ne m'allonge pas, cela est inutile si c'est pour me relever dans quelques minutes.

Dans la semi-obscurité, je pose mon regard sur toi et te contemple avec plus d'insistance que je ne l'aurais voulu, pourtant, je doute que tu sois en mesure de percevoir mes yeux quelque peu indiscrets mais sait-on jamais. Je ne glisse pas sur ce corps gris qui est le tien, ne m'aventurant pas sur tes courbes justes et séraphiques, sachant qu'un coup d'oeil en leur direction serait lâche et terriblement attractif. Je me contente donc de les deviner et je pense ne pas être loin de la réalité en songeant qu'elles sont subtiles et délicates. Mes pensées que je jugent trop honteuses me font tourner le regard que trouve maintenant bien trop déplacé et c'est ce moment que tu choisis pour briser ce silence qui ne me gênait point. As-tu remarqué mes prunelles insistantes ? Rester avec toi. Un frisson me parcourt. Quand peux-tu souhaiter cela. Car c'est ce que je suppose. A moins que tu ne souhaites que mon départ, dans ce cas, je suis à même de te l'offrir sur le champ. Avant de te répondre, je m'extirpe de l'ombre et avance de quelques pas. " Mieux vaudrait pour vous que ce ne soit pas le cas... " Dis-je, insipide, éludant au passage ta question dérangeante. Je ne relève pas la marque familière que tu emploies envers moi mais espère cependant que tu ne t'y perdras pas. Cela risquerait de tourner au psychodrame. Mon toupet vint voiler mes yeux dorés et je t'observe derrière celui-ci, attendant une réaction que je ne connais que trop bien pour 'lavoir déjà rencontré auparavant.

Alors ses espoirs étaient vains? Think Me n'espérait pas grand chose de la part de l'étalon, suite aux maintes fois où il a repoussé toute approche, tout contact. Une seule et unique question se pose alors : Pourquoi? Qu'est-ce qui le poussait à être aussi distant? Think Me ne bougeait pas d'un poil, comme figée, perdue dans ses pensées. Parfois, elle pensait avoir trouver la solution au problème, mais en retournant la question dans tous les sens, elle se rendait bien vite compte qu'elle se trompait sur toute la ligne... Alors le grand mâle noir au regard perturbateur s'enfonça dans l'obscurité que lui procurait l'ombre d'un grand sapin. Une fois de plus, il fuyait les questions que la petite Think lui posait et évitait de trop la regarder. Mais POURQUOI? Qu'avait-elle fait? La jolie blanche gardait une oreille plaquée dans sa fine crinière dorée, l'autre étant pointée en direction de Cursed, signe d'incompréhension. Bien qu'elle ne pouvait apercevoir ses yeux, ceux-ci étant soit cachés par son toupet noir soit cachés par l'ombre du sapin, elle sentait que quelqu'un la regardait. Elle tenta de rester calme, le plus neutre possible à l'écoute de la réponse du mâle noir. Pourtant, dans sa tête, tout devenait encore plus flou que ce que ça ne l'était au départ. Un mélange d'émotions fortes bouillonnaient au plus profond de son petit coeur fragile, ses jolis yeux noirs finirent cachés eux-aussi par son fin toupet doré. La demoiselle baissa légèrement la tête et poussa un long soupir. Un puissant frisson la parcourut de nouveau. Était-ce à cause d'un courant d'air trop frais, ou bien est-ce encore un de ces mauvais pré-sentiments qui torturent sans cesse son esprit? Tourmentée par toutes ces questions, la jeunette finit par répondre dans un faible murmure pourtant très clair.

« Je n'arrive pas à comprendre. Je n'arrive pas à te comprendre.. chuchota-t-elle, une pointe de désespoir dans la voix.

Elle releva lentement la tête en direction de l'étalon. Tous ces mauvais pré-sentiments... Elle ne pouvait pas rester là, à rien faire. Alors, elle déplia souplement ses antérieurs auparavant cachés sous son corps blanc de manière à les tendre devant elle, se retrouvant maintenant en position assise. Enfin, elle se releva avec le peu d'énergie qui lui restait et s'avança de quelques pas pour enfin se retrouver face à Cursed Circle. Elle n'en pouvait plus de ces questions, de ce stresse qui montait en elle. Quelque chose de louche se cachait derrière toutes ces réponses encore incomprises. IL lui cachait quelque chose, et ça, elle ne le supportait pas. C'est pour cette raison qu'elle ne voulait pas qu'il l'abandonne, pas avant de lui avoir expliqué la situation. Think Me resta immobile devant le jeune étalon. Malgré qu'elle fasse preuve de beaucoup de courage, elle était très tendue et appréhendait chaque réactions du grand mâle.

Le désespoir qui se reflétait dans tes yeux m'arrache un frisson désagréable. N'as-tu donc pas compris que j'étais dangereux pour toi ma Belle ? N'arrives-tu donc pas à comprendre mes phrases alambiquées qui essayent tant bien que mal de te repousser pour te protéger ? Ne saisis-tu pas le sens de mes mots trompeurs qui cherchent à t'expliquer sans te faire peur ? Un moue agacée, amère plus exactement, frustrée surtout, que tu ne comprennes pas tout cela, que tu t'attaches à me comprendre, que tu cherches à tout savoir. Cela est tellement risqué pour toi. J'aimerais t'avouer les difficultés qui s'imposent mais les mots restent bloqués, comme chaque fois où j'ai tenté d'aborder le sujet. A quoi bon. Mieux vaut pour toi que tu ne me voilles comme un étalon froid et solitaire, que comme un monstre assoiffé de sang. Je lache un soupire infime. Peut-être le noteras-tu. Espérons pour ta survie que tu prendras cela comme un agacement de toutes tes questions. Tu t'avances vers moi et mon corps tout entier se crispe, comme à chaque fois. Je sais que ce détail ne t'as pas échappé et je ne cherche pas à te le cacher. Un pas en arrière confirme le tout et je te réponds d'un ton neutre, comme à l'ordinaire.: " Cela est inutile. " Oui, inutile et vain. Tu ne sauras rien de plus. Rien de ce que tu feras ne m'arracheras cette vérité que je tais depuis le début de mon existence. " Il faudrait mieux que nous ne soyons pas amis. " Dis-je d'un ton plus âpre, plus abrupt que je ne l'aurais voulu. Je tente d'esquisser un sourire comme pour t'encourager à suivre mes conseils mais il se transforme vite en un rictus tendu. Cela serait mieux en effet. A moins que tu ne tiennes pas à ta vie. Je me retiens d'ajouter ces derniers mots qui n'auraient fait que t'engager dans un conversation curieuse et d'autant plus périlleuse. Mon regard rivé au tien, je ne le détache pas à un seul instant, cherchant des tes yeux clairs, quelque chose qui me confirmera que tu abandonnes la partie perdue d'avance.

Ton parfum s'immisce subtilement à mes naseaux et mon regard s'assombrit, se voilant, dissimulant l'ocre de mes prunelles. Les lèvres closes, mes dents se serrent sur celles-ci et je m'aperçois alors que je vais jusqu'à les entailler. Le goût de mon propre sang dans ma bouche m'excède et mes pensées noires reprennent le dessus. Personne ne nous verrait ici. Je n'aurais qu'à enfoncer mes dents dans le creux de ton cou, sur l'arrête de ta gorge. Rapide et efficace. Une lueur dévorante habille maintenant mon regard qui caresse le creux de ta joue et de ton encolure. Un pas vers toi. Ton odeur s'empare de mon cerveau et l'inhibe presque entièrement, seule la part de conscience de moi-même demeure éveillée et tente de me faire recouvrer pleine connaissance de mes gestes précurseurs qui ne feraient que nous conduire à une mort trop tôt pour être tienne. J'inspire maintenant bruyemment, me repentant totalement de cette effluve suave et sucrée. Un sourire se dessine sur mes lèvres ciselées. Il n'a rien de commun aux sourires aimables offert par les personnes honnêtes et sincères. Mais brusquement, tes naseaux rencontrent les miens et cela nous sauvera tous les deux.

J'effectue un bond en arrière des plus inattendus et recule dans l'ombre du pin, me réfugiant dans l'odeur sans soucis du conifère. Je colle mon chanfrein à son tronc rugueux et inspire pleinement, les yeux mi-clos, pestant intérieurement contre ma propre connerie. Je te coule un regard, mes muscles tressaillant et n'ajoute rien. Je ne t'en voudrais pas de fuir pendant qu'il en ait encore temps.

Il est encore trop tôt pour prendre la fuite. Think Me était très curieuse, on le lui a souvent dit. Mais cela n'arrangeait rien et la poussait à reposer des questions sans cesse jusqu'à obtenir une réponse satisfaisante. Elle voulait tout connaître des personnes qu'elle rencontrait, elle détestait qu'on lui cache quoi que ce soit et persistait à vouloir percer tous les mystères qui osait lui faire face. Habituellement, elle trouvait toujours réponses à ses questions et arrêtait donc de s'auto-torturer l'esprit avec tout cela. Mais il lui est déjà arrivé de rencontrer la défaite, chose qu'elle refusa de rencontrer une nouvelle fois... Selon elle, il est bon de faire preuve de curiosité et de s'intéresser à son entourage. Ce raisonnement pourrait bien lui coûter la vie, mais ça, elle l'ignorait encore et ne voulait même pas en entendre parler. L'étalon se décida à dire quelques mots. Mais il semblait tourner autour du pot... La petite Think se rendit bien vite compte qu'il essayait de lui avouer quelque chose par l'intermédiaire de ses paroles intrigantes. Et c'est ce quelque chose qu'elle cherchait désespérément depuis des heures. Que devait-elle faire? Continuer de le questionner jusqu'à ce qu'il craque? Très mauvaise idée. Peut-être devait-elle attendre qu'il lui avoue tout? Il n'osera jamais. Mais de quoi a-t-il peur? Son « secret » est-il si dangereux que cela pour la petite blanche? Il fallait qu'il se rende à l'évidence, lui aussi : Think Me n'abandonnera pas avant un bon bout de temps... La jeunette décida alors de se remettre en question. Toutes ces mises en garde du grand mâle, tous ces mauvais pré-sentiments qui lui arrivaient soudainement lorsqu'elle réfléchissait trop, tous ces signes qui ne trompent pas... Peut-être fallait-elle qu'elle prenne en compte tout cela? Et si Cursed disait vrai, si il serait mieux pour elle de ne pas trop rester à ses côtés? Non, non et non. Toujours aussi tête-en-l'air, la petite Think refusa d'abandonner la chose qu'elle considérait désormais comme une « mission ». Il lui cachait quelque chose de non négligeable et elle se sentait très concernée par cela. Elle ne savait pas encore qu'elle jouait avec le feu mais ne tarderait pas à le découvrir... Tôt ou tard. Cursed Circle changea subitement d'attitude. Ses oreilles se pointèrent en avant, son regard fut comme... transformé. Il s'avança de quelques pas en direction de la jeune inconsciente, qui fut alors figée par la peur et n'osa pas produire le moindre mouvement. Le regard de l'étalon se détourna, il regardait en direction d'autre chose que ses yeux noirs et profonds. Sa... sa gorge? C'est sa gorge, qu'il fixait avec une telle envie? Cette fois ci, la jolie Think se sentit dans l'obligation de réagir. Elle plaqua ses oreilles en arrière mais n'arrivait toujours pas à reculer. Elle était à moitié paralysée, la peur était trop puissante. Sa peau frémit doucement, son regard apeuré et suppliant fixait désespérément l'étalon. Celui-ci ne lui adressa aucun regard. Mais qu'est-ce qui lui prend?

Soudain, leurs naseaux entrèrent en contact. Think Me n'osait même pas respirer, son teint devint pâle, elle était encore sous le choc. Cursed Circle fit un violent bond en arrière et partit s'abriter sous le même sapin que tout à l'heure. Dans l'ombre du grand conifère, il tenta de se calmer. Think Me avait le coeur qui battait si vite qu'elle croyait être au bord de la crise cardiaque. Elle reprit progressivement une respiration stable et poussa un long soupir de soulagement. L'une de ses oreilles se pointa délicatement en avant. L'autre ne tarda pas à la suivre. C'était le mouvement de trop! Pourquoi fixait-il sa gorge si intensément? Que lui voulait-il? Encore un peu nerveuse, Think me n'osa pas aller le voir. Tout à l'heure, il lui a clairement dit qu'ils ne devaient pas être amis. Mais alors, s'il dit ça à tous ceux qu'il rencontre, il n'a donc jamais connu le beau sentiment qu'est l'amitié? Il n'a jamais trouvé une épaule sur laquelle se reposer dans les moments difficiles? JAMAIS? La jeune jument fit un pas en avant. Elle se rendit compte qu'elle risquait sa vie et que l'étalon était bel et bien un danger. Pourtant, elle refusait obstinément de coller l'étiquette de « ÉTALON DANGEREUX » sur Cursed. Bien qu'il pourrait se révéler être son tueur, il a également joué le fier rôle de son sauveur. Et elle n'oubliera jamais toutes les personnes qui lui ont rendu un tel service. Sans lui, elle n'aurait jamais trouvé un abri aussi tranquille, elle n'aurait pas quitté la tempête et aurait périt dans le froid. S'il n'a aucune raison de s'attaquer à elle, pourquoi essayait-il de la mettre en garde? Peut-être essaie-il de la protéger... contre lui même? Mais cela n'a pas de sens! Il n'est donc pas capable de se contrôler? Think Me eut la sensation d'être sur la bonne voie. Elle ferma les yeux quelques instants et respira profondément. Enfin, elle fit de nouveau un pas vers l'étalon, les yeux cette fois ci mi-clos. Elle se posta là, et observa attentivement Cursed. Celui-ci restait immobile, l'air penseur. Mais un léger détail n'échappa pas à la jolie blanche... Une infime gouttelette de sang était accrochée au bord de ses lèvres noires. Elle roula doucement jusqu'à s'écraser au sol, laissant un petit point rouge par-terre, dans l'herbe fraîche. Cela titilla une fois de plus la curiosité de Think, qui ne décrocha pas son regard de celui de Circle. Peut-être allait-il expliquer son comportement de tout à l'heure. Peut-être allait-il la repousser une fois de plus. Des millions de propositions s'offraient à elle. Elle préféra rester muette et attendre sagement.

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VIVRE PENDANT QU'IL EN AIT ENCORE TEMPS .

Étalon dangereux. C'est cette étiquette que je veux que tu me colles. Ce sont ces mots et tout ceux qui s'en rapprochent qu'il faut que tu considères à mon égard. Il le faut ma Belle, pour ta survie et ma tranquillité. Si j'étais égoïste, je me ficherais de ton bien-être mais le peu de conscience qui me reste persiste à me dicter ce qui est juste. Heureusement pour nous. Je perçois dans tes yeux si limpides et clairvoyants, la peur qui subsiste encore suite à mon attitude plus que surprenante, terrifiante je dirais. Et pourtant, elle ne dure que quelques brèves secondes, aussitôt relayée par cette insatiable curiosité qui te perdras tôt ou tard. J'étouffe un soupire. Tu n'abandonneras donc jamais. La réponse, je la connais et une part de moi ne peut s'empêcher d'en être heureux. Faisant taire mon comportement mesquin qui tressautait d'excitation dans une infime partie de mon être, je te laisse approcher, conscient que rien de mes paroles vaines ne te feras reculer. Les ultimes rayons du soleil qui perçaient à travers les feuilles épineux des sapins se reflétaient sur ta robe blanche et j'en constatai les contrastes chatoyants, prenant soin cependant de ne pas te dévorer du regard, comme le monstre qui m'habitait l'aurait probablement fait.
Un danger. J'étais nocif, malfaisant, nuisible. Maudit. Comme une plante carnivore. Attirer ses proies et les bouffer dès que la confiance se fait. Je fermais les yeux, un peu trop fort, tentant de chasser les pensées de ton corps blanc gisant dans la neige maculée de ton sang. Renâclant bruyamment, je me terre davantage dans cette ombre qui m'accueille, tentant de disparaître dans cette obscurité que je chéris. Bientôt, j'aurais tout le loisir de me mouvoir dans le noir, lorsque la Lune, complice de tout mes caprices, brillerait de sa pâle lueur. Et cela ne tarda pas.

Je rouvrais les yeux, dévoilant mes prunelles ocrées que j'avais caché plus longtemps que je ne l'avais prévu et te cherchais du regard, ce que je n'eus pas à faire longtemps. Tu n'avais pas bougé me semble-t-il et tu demeurais toujours dans cette indécision à persister ton enquête sur moi. Ne fait pas ça. A mon tour, j'avance en ta direction, ne sachant exactement où cela me conduiras mais, à mi-chemin, je suis bien contrait d'incurver ma route, décrivant un détour, te contournant avec exagération, la douce saveur qui t'enveloppe étant toujours l'auteur de ces changements soudains. J'aurais voulu ne marquer aucune haine, aucun ressentiment négatif envers toi et pourtant, cette part que je dissimule ne cesse de prendre le dessus et me pousse dans mes retranchements, m'arrachant des pensées que je ne conçois pas. Subtil n'est-ce pas ? Je me mets donc à rejeter la faute sur toi, insignifiante demoiselle qui n'a pas pu trouvé d'autres jeux que ne s'aventurer dans un pétrin dont je fus obligé à te sortir. Le silence qui nous entoure et l'air buté que tu prends pour ne surtout pas le briser me mette en rogne. Je lâche grondement agacé qui sort du fin fond de ma gorge, un bourdonnement qui, semble-t-il, n'est pas mien.

Fuis bordel ! Barre-toi ! Tu ne comprends donc rien ? Je me suis immobilisé, mes sabots plantés dans le sol, ces mots que je souhaite t'adresser résonnant dans ma tête avec véhémence. Je claque la mâchoire pour la refermer plus fort, retenant le déferlement de ces mots acérés que je regretterais tôt ou tard. J'inspire profondément et tente de prendre cette voix posée que je ne trouve pas. Ce fut un ton glacial et caustique qui retentit à sa place : « Ecoutez, je ne crains rien à rester ici. » La lave brûlante de mes yeux se déploie sur ton corps qui me tourne le dos. « Contrairement à vous. » Ajoutais-je d'un calme plutôt effrayant. « Je ne pense pas que ce soit à moi de fuir. » Le ton pour lequel j'ai opté malgré moi ne te laisse guère entrevoir ce que je pense et finalement je m'en félicite. Tant mieux. Tu ne ferais que te braquer encore plus. Je devine déjà quel point tu es entêtée et je regrettes aussitôt mes mots trop explicites. Je sais que des milliers de questions vont fourmiller dans ton esprit et c'est déjà probablement le cas. Merde. Je lâche un soupire exaspéré et fait volte-face, m'éloignant d'un pas ample avant que tu ne déverses tout ce tas de questions qui, je devine, te brûle les lèvres et la gorge depuis plusieurs minutes.

" Mais fuis, bordel! Il n'en vaut pas la peine!
- Non, restes à ses côtés! Il a besoin de ton aide.
- Et puis quoi encore! Ne l'écoute pas, échappe-toi du plus vite possible!
- Think Me, ne pars surtout pas! Ne le laisse pas dans cet état là!
- Non mais tu rigoles? C'est un TUEUR, un vrai danger public!
- Bien sûr que NON! Je suis sûre qu'il a un bon fond! "
- Pffff, à force de s'entêter à être généreuse, elle va finir par crever... à cause de cet étalon...
- N'importe quoi. Soit pas si négative. Elle va bien finir par trouver une solution. "

Voilà où tout cela l'a menée. La petite Think se retrouvait en plein débat avec elle-même. D'un côté, elle pensait qu'il était préférable de partir immédiatement et de ne pas trop se casser la tête à risquer sa vie pour un... inconnu? Non, ce n'est pas un simple inconnu! D'un autre côté, elle pensait être dans l'obligation de rester à ses côtés et lui prouver que contrairement à bien d'autres, elle saurait lui venir en aide... Mais alors, que faire? La jeunette baissa lentement la tête. Elle poussa un long soupir d'exaspération. Ses yeux se fermèrent délicatement, disparaissant progressivement sous ses fines paupières. Son toupet ébouriffé cachait son front et l'un de ses yeux. Sa crinière dorée avait perdu tout son éclat et retombait vulgairement sur sa maigre encolure. Elle était épuisée, vidée de toutes ses forces, à bout de nerfs. S'en était TROP. Elle ouvrit légèrement ses yeux désormais mi-clos. Une petite larme scintillante s'accrochait au coin de son oeil gauche, avant de se laisser glisser lamentablement jusqu'à s'écraser au sol, laissant une fine trace humide sur sa joue grise et ternie par la fatigue. Ses naseaux gris et veloutés effleuraient à peine le sol glacial. La nuit tomba doucement et la tempête finit par se calmer. Une fin de journée qui aurait pu être très agréable si rien de cela n'était arrivé... Et pourtant, elle aurait pu choisir l'option de facilité et s'enfuir dès le début. Ne pas chercher à comprendre. Partir bêtement et suivre un chemin qui lui était tout à fait inconnu. Seulement, elle n'avait pas choisi cette option là. Elle avait tout simplement choisi de suivre son coeur et voilà où elle en est, maintenant. Quelques larmes continuèrent de glisser lentement sur ses joues. Elle tenta de retenir le reste de ses sanglots désespérés, bien que cela soit très difficile. Ne pas pleurer, ne pas pleurer... Trop tard. Elle a finit par craquer.

" Ça devient n'importe quoi là.
- Pauvre Think... Ne pleurs pas. Ça va aller.
- NON ça va pas! IL l'a fait pleurer!
- ... "

Les petites voix de tout à l'heure continuaient de se disputer. Bien sûr, tout cela n'était qu'une simple invention de l'esprit de la petite jument. Celle-ci garda la tête basse, essayant de cacher ses pleurs inutiles. A quoi bon pleurer maintenant? Cela ne fait que l'affaiblir un peu plus. De son côté, elle refusait de rejeter la faute sur Cursed, bien qu'il soit responsable de la plus part de ses tracas actuels. Enfaite, c'est elle qui se complique la vie. Il avait raison. Elle devait partir. Et il lui avait clairement expliqué au travers de ses mots, bien qu'un peu sèchement. Mais alors, qu'attendait-elle pour fuir? La nuit qui tombait et l'obscurité qui prenait peu à peu possession des lieux l'effrayaient. A choisir, elle aurait préféré mourir tuée par la double personnalité de Circle plutôt que dévorée par un stupide loup sans cervelle. Enfin, elle aurait tout de même bien aimé rester en vie, mais cela ne fait pas parti de ses préoccupations du moment à vrai dire. Roh et puis tout cela est bien trop confus! Revenons-en à la jolie Think. Elle venait de redresser son encolure pour humer un peu les différentes effluves que la brise nocturne lui apportait. Quelques odeurs diverses et variées glissèrent le long de ses naseaux. Des senteurs qui lui étaient totalement inconnues. S'aventurer seule dans la forêt serait un peu trop dangereux, non? Think Me décala lentement ses hanches et se retourna ainsi vers Cursed Circle. Elle lui lança un bref regard, mélangeant plusieurs sentiments tels que l'inquiétude, le désespoir... Une pointe de colère, peut-être? Elle-même ne savait plus du tout quoi penser, quoi faire. Elle se sentait faible et totalement impuissante, tout comme lors de leur rencontre, en plein coeur de la tempête. Sauf que là, ce n'est pas une simple tempête de neige qui l'a mise dans cet état à fleur de peau. C'est quelque chose de bien différent. Ce n'est pas comparable, d'ailleurs.

" Bon, qu'est-ce que t'attends pour déguerpir?
- Ben attends! Elle va pas partir toute seule comme ça!
- Genre, tu crois que monsieur Cursed va aller l'aider? Lui, tout ce qu'il veut, c'est qu'elle se casse, qu'elle lui foute la paix.
- ... "

Think Me leva les yeux en direction du ciel, évitant le regard glacial du grand noir. A travers l'épaisse végétation qui lui servait d'abri, elle put entrevoir la lune. La pleine lune. Aucun nuage, juste cet énorme boule lumineuse qui trônait royalement dans le ciel sombre parsemé de petits points étincelants... Les étoiles... Quel magnifique spectacle. La petite blanche ronfla doucement des naseaux. Ses oreilles se pointèrent en direction d'un buisson. Serait-ce un bruit de craquement de brindilles qu'elle vient d'entendre? Non, ne rêve pas trop Think. Y'a personne ici. Elle poussa un infime soupir et fit quelques pas en arrières jusqu'à se retrouver dans l'ombre du sapin sous lequel était Cursed, il y a quelques instants. Celui-ci restait immobile, toujours aussi répulsif et distant. Un second bruit vint percer le silence de manière inquiétante. Think Me sortit sa fine tête aux traits arabesques du conifère. Elle jeta un oeil à Circle. Il n'avait pas bougé. Encore une hallucination. La jeunette frémit doucement et continua son observation de la pleine lune majestueuse. De toute évidence, elle ne pouvait pas partir maintenant. Elle n'en avait ni les moyens, ni l'envie. Il y avait encore cet étrange sentiment d'indécision qui persistait en elle et qui la poussait à rester... Oh et puis merde !

[ Mon Dieu tu vas m'achever Razz

Je viens de sortir de cours et il faut encore que je réfléchisse XD ]

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UNE ERREUR EST D'AUTANT PLUS DANGEREUSE QU'ELLE CONTIENT PLUS DE VERITE .

« Tu sais... Il vaudrait mieux que nous ne nous revoyons pas... »

« Mais cela ne veux pas dire que je n'en ai pas envie. »

« Nous ne sommes plus seuls. »

( Jtachèverai plus souvent alors, ton post est franchement beautiful! Shocked

*se sens inspirée* )

Think Me restait dans l'ombre du grand conifère, désormais insensible aux craquements qui persistaient autour d'eux. Pourtant, plus ces infimes bruits retentissaient, plus ils ressemblaient à... des bruits de pas? La petite jument sortit progressivement de l'obscurité, dévoilant sa belle robe blanche, illuminée par les rayons lunaires. L'étalon ne tarda pas à venir de lui-même vers elle, ce qui l'intrigua malgré qu'elle aurait souhaité ne rien laisser paraître lorsqu'il s'avança vers elle. D'une voix plutôt chaleureuse, il lui prononça ces quelques paroles qui suffirent à la plonger dans une profonde réflexion. S'il pense qu'il vaudrait mieux qu'ils ne se revoient pas, pourquoi a-t-il rajouté après cela qu'il ne fallait pas croire qu'il n'en avait pas envie? Ces dernières paroles remontèrent légèrement le moral de la jeunette, qui était déjà retombé bien bas depuis le début de la soirée. Bizarrement, elle ne chercha pas à répondre. Aucun son ne sortit de sa bouche. Aucune question ne se rajouta à toutes celles qu'elle s'était déjà posé auparavant. Elle resta figée... Elle l'avait vu. Ce petit canidé qui épiait leurs moindres faits et gestes depuis tout à l'heure. Ce loup sans cervelle qui ne demandait qu'à assouvir sa faim en pensant que la petite Think serait la proie idéale. Raté, mon grand. Ne sais-tu donc pas ce qui t'attend? La jeunette tourna la tête en direction de Cursed et lui offrit un maigre sourire. Celui-ci lui jeta un bref regard et plaqua instinctivement ses oreilles contre sa nuque. Lui aussi l'avait remarqué : ils n'étaient pas seuls. Il s'avança alors sans aucune craintes vers un buisson et s'enfonça un peu plus loin, entre les arbres. Quelques secondes s'écoulèrent lentement. Think Me fit un pas en avant, les oreilles pointées en direction de la source des petits couinements qu'elle entendait depuis tout à l'heure. Ces mêmes couinements appartenaient sûrement au loup. Attentive, elle écouta les moindres bruits qui parvenaient à atteindre ses fines oreilles blanches. Un dernier rugissement de douleur retentit, aigu et désagréable. Elle avait dors et déjà compris ce qu'il se passait et put donc s'avancer à son tour sur le petit sentier qui se frayait entre les arbres. Il faisait sombre. Elle se laissait guider par l'odeur que l'étalon noir avait laissé derrière lui, jusqu'à arriver sur « le lieu du crime ». Il était bel et bien là, savourant sa victoire éclaire d'une drôle de façon. Peut-être n'aurait-elle pas du venir voir ce qu'il se passait? Une sensation étrange s'empara d'elle. Elle ne prit pas la fuite. C'est plutôt sa curiosité qui revenait à la charge. Les questions se posèrent en masse. Là non plus, elle ne savait plus trop quoi penser de la situation. Le regard de Cursed avait changé, il était étincelant, animé par une certaine folie... Le corps du loup était étalé par-terre de tout son long dans une marre de sang que le grand mâle prenait plaisir à lécher. Ses lèvres tâchées de rouge et ses manières de tueur en série en aurait fait fuir plus d'un, ça, c'est sûr. Think Me fit un pas en avant. Elle semblait soulagée. Soulagée de quoi? Soulagée que Cursed se soit attaqué au loup plutôt qu'à elle? Soulagée qu'il ait comblé son irrésistible envie de tuer? Tout était encore trop flou dans sa tête.

" Hum, drôle d'étalon. Y'a de quoi flipper.
- Je reste persuadée que ce n'est pas sa vrai personnalité que nous voyons là. C'est plutôt son deuxième « lui ». Tu comprends?
- Arrêtes de lui chercher sans cesse des excuses. C'est un assassin, point barre.
- Et toi arrête de penser qu'il va s'en prendre à Think Me, il osera jamais!
- Qu'est-ce que t'en sais? On le connait pas assez bien pour ça. Faut se méfier...
- Pfff. "

STOP. Temps mort. Cette perpétuelle dispute avec elle-même commençait à l'énerver au plus au point. Think Me préféra rester muette, une fois de plus. Elle était tout juste à un mètre de Cursed. L'odeur du sang qui se dégageait du cadavre la répugnait. L'étalon ne lui adressa aucun regard, bien trop concentré pour cela. Mais qui sait si ce jeune loup n'était pas accompagné de quelques uns de ses congénères? Après un tel spectacle, ils ont du tous s'enfuir... Loin, très loin... Peut-être que Think devrait prendre exemple. Mais à quoi bon partir? Maintenant qu'elle connaissait plus ou moins les réactions de Cursed face à la moindre gouttelette de sang, elle se contentera de se tenir éloignée dans ces moments là. Elle est si naïve, si innocente, si... Mais on ne peut pas lui en vouloir. Elle pense toujours bien faire. Et, au final, elle fait tout de travers. Triste réalité!

( Niah, c'est couuuurt. =P Mais là jdois y aller. Bye! )

[ Mercii

Les tiens sont toujours waaah <3 En plus j'aime trop ses pensées qui se disputent Razz

]

" Ca va aller... Je... N'ayez pas peur. Je ne vais pas vous faire de mal...

" Si vous voulez, je vous raccompagne à la limite de ces terres et... vous ne me reverrez plus. Ne vous inquiétez pas. "

[ Désolé c'est court mais j'dois y aller. ]

( De rien & Merciii du compliment. Razz

)

La petite Think se sentit comme bloquée, enfermée dans une cage, sans aucune possibilité de fuite. Son coeur se déchaînait contre son maigre poitrail et sa respiration se coupa brutalement. Il s'approcha... D'une démarche féline mais hésitante, Cursed Circle s'avança lentement vers le corps frêle de la jeunette. Celle-ci le fixa de manière appuyée, comme pour ne pas qu'il vienne trop près d'elle. Mais est-ce ce qu'elle désire réellement? Non. Au final, elle le laissa s'avancer et prononcer ces quelques paroles, ces murmures qu'elle perçut à peine tant elle tremblait. Elle poussa un infime soupire et tenta de se détendre, de ne pas avoir cet air terrifié qui ferait penser à l'étalon qu'elle avait peur de lui. En vérité, elle n'avait pas peur de lui mais de sa personnalité cachée, qu'il tente vainement d'enterrer au plus profond de son esprit tourmenté. Elle avait peur de ce tueur qui surgissait à la simple vision d'une goutte de sang. Cet assassin qui l'achèverait avec plaisir mais qui n'a rien à voir avec Cursed. Non, le vrai Cursed Circle, il ne ferait jamais ça. Jamais. Au fur et à mesure qu'elle entendait sa voix rassurante, Think inspirait et expirait normalement, sans avoir peur que ses doux soupires n'attirent la double personnalité cachée de Cursed. Elle n'avait plus peur. Maintenant, elle savait. En quelques sortes, sa mission était remplie. Les craintes et les questions qui torturaient son âme fragile la quittèrent définitivement. Ses yeux brillants, légèrement humides à cause de ses pleurs, dévisagèrent longuement l'étalon noir. Ses naseaux gris et veloutés cherchèrent le contact de ceux du grand mâle. Elle le regarda d'une sincérité débordante, et tenta d'articuler quelques mots.

« Je vais bien ne t'en fais pas. dit-elle, une pointe de soulagement dans la voix.

Elle avait enfin réussi à parler correctement. Sa voix était comme transformée depuis qu'elle avait comprit cette histoire de double personnalité qui habite l'étalon noir. C'est tout de même impressionnant de savoir qu'il peut avoir l'envie subite de vous tuer, d'une seconde à l'autre. Mais c'est fini maintenant, plus question d'avoir peur de lui, cela ne ferait que le faire culpabiliser. Think Me souffla doucement dans les naseaux du mâle, tentant de lui expliquer en un simple regard qu'elle n'avait aucunement l'intention de fuir. Elle décolla ensuite son bout de nez gris de celui de Cursed et jeta un rapide coup d'oeil aux à l'entours. Une douce brise nocturne vint caresser leur corps affaiblis par les évènements qui s'enchaînaient trop brutalement. Think Me ne put s'empêcher de se remémorer ces grands moments où le silence régnait, où elle débordait d'envie de poser toutes ces questions au sujet de Circle... Désormais, elle a trouvé des réponses bien plus que satisfaisantes. Sa curiosité a déserté son regard pour un bon moment encore. Maintenant, c'est le bonheur et le soulagement qui animent ses doux yeux noirs, plongés dans ceux de l'étalon.

" N'empêche qu'il faut quand même se méfier...
- Toi, ta gueule.
- Genre c'est à moi que tu parles comme ça?!
- Oui. Fous-lui la paix à ce pauvre Cursed.
- Si jamais il l'attaque, viens pas pleurer, hein.
- Il l'attaquera pas, j'en suis certaine.
- Qu'est-ce que t'en sais...
- Ta gueule jte dis, regarde comme elle a l'air heureuse. ♥
- Tsss, plus naïve, tu meurs.
- Tu vas la fermer oui?
- ... Reste sur tes gardes, Think.
- N'iiiimporte quoi. u_u "

(

)

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SHOOT THE MOON .

« Navré. Venez, je vous reconduis jusqu'à la frontière. »

Think Me fixait toujours inlassablement l'étalon noir. Elle savait que cela le perturbait et qu'il reculerai une fois de plus, de peur de perdre le contrôle. Il est vrai que la situation était plutôt délicate et que le moindre faux mouvements de l'un comme de l'autre pourrait lui coûter la vie, chose qu'elle préfère ignorer pour l'instant. Ses infimes craintes s'étaient enfouies au plus profond d'elle-même. Non Cursed, ne va pas croire qu'elle a peur de toi. C'est faux et tu le sais, mais tu persistes à croire que tu représentes un danger pour elle. Ce n'est pas toi le danger, c'est la double personnalité cachée en toi que tu apprendras à maîtriser au fil du temps avec beaucoup de courage, de patience. La jolie blanche bougea à peine une oreille lorsque le mâle recula brutalement. Il semblait vouloir s'excuser par son regard. Ne t'excuses pas, elle ne t'en voudra jamais pour ça. Elle le regarda agir, ne bougeant point pour le moment afin de ne pas aggraver les choses. Elle le laissa se calmer, il savait ce qu'il faisait, il devait en avoir l'habitude après toutes ces années de vie passées aux côtés d'une personnalité aux tendances meurtrières... Alors, pendant un instant, Think tenta d'imaginer. Imaginer le semblant de vie qu'il devait endurer. Ne pas avoir d'amis de peur de les tuer un jour ou l'autre, ne pas avoir le plaisir de se coller contre notre bien-aimée pour éviter autant que possible son parfum délicat. Refouler sans cesse sa personnalité cachée et la combler en tuant le premier venu. Rejeter la faute sur les autres pour éviter de se compliquer la vie plus que ce qu'elle ne l'est déjà. Vivre loin des autres, seul face à nous-même. Se nourrir du sang de l'un pour sauver la vie de l'autre. A ce moment là, l'expression « Putain de vie » était tout à fait adaptée. Think Me dévoila sous ses paupières grises un regard brillant, humide, dans lequel se reflétait la haine et la compassion. Une fois de plus, Cursed Circle lui proposa de regagner les frontières pour s'enfuir loin, très loin de lui. Et après tout ce qu'elle avait enduré, la jeunette ne put s'empêcher d'employer un ton plus haussé que les précédents.

« HORS DE QUESTION. dit-elle avec une assurance surprenante.

Quelques oiseaux s'envolèrent en direction d'un lieu plus calme, surpris par la forte voix de la petite Think. D'autres, tels que les rongeurs, se contentèrent d'observer les deux équidés depuis leur cachette. Think Me planta ses yeux d'un noir pur dans ceux de l'étalon, qui s'était déjà mis en route. Elle plaqua l'une de ses oreilles contre sa nuque, gardant l'autre mobile. Elle avait l'air plus sérieuse que jamais et par conséquent, n'avait pas l'air décidée à suivre les conseils de Circle. Elle revint à ses côtés, ne le quittant pas des yeux, tentant de lui faire comprendre calmement que s'enfuir et sauver sa vie était sa toute dernière préoccupation à l'heure qu'il est. Il fait nuit depuis déjà une bonne heure si ce n'est plus, elle est épuisée et prête à craquer. Quelques heures de repos ne seraient pas de refus. Demain est un nouveau jour, non? Ils auront tous les deux le loisir de réfléchir à l'avenir. Mais pas maintenant. La belle blanche tenta d'adoucir les traits tirés de son visage angélique, ses yeux débordaient de larmes mais elle refusait de se remettre à pleurer maintenant. Ils avaient besoin de se calmer. Peut-être qu'aux yeux de certains, s'enfuir aurait été la meilleure solution envisageable pour Think. Mais elle avait peur de s'être trompée, d'avoir laissé derrière elle quelqu'un qu'elle aurait voulu aider par tous les moyens. Quelqu'un qu'elle ne demande qu'à connaître et qui derrière son regard impénétrable cache certainement beaucoup d'autres choses. Et pas que des mauvaises choses!

" Ptin non mais j'y crois pas, pourquoi a-t-elle refusé de regagner les frontières? C'était l'occasion ou jamais de fuir!
- T'as pas encore capté qu'elle s'en foutait totalement de fuir?
- C'est clair que c'est mieux de rester collée aux sabots d'un étalon pareil...
- Elle est assez grande pour prendre ses décisions seule, bon sang! Arrête de la prendre pour une petite gamine immature.
- En même temps... c'est un peu ce qu'elle est. Tu trouves ça intelligent de rester en compagnie d'un tueur?
- Moi je trouve ça très courageux et généreux de sa part, de vouloir l'aider.
- Elle y arrivera jamais, elle aura crever avant.
- Bon, j'aime pas être vulgaire mais là... ta gueule.
- On verra bien qui de nous deux aura raison, l'avenir nous le dira. "

Think Me fit un pas en arrière puis s'ébroua doucement. Un infime ronflement s'échappa de ses naseaux à cet instant. Marre, marre, marre. Elle ne souhaitait qu'une chose : ne plus entendre ces petites voix raisonner en elle. Elle redressa son encolure, le toupet ébouriffé, mais les yeux bien découverts. Cursed semblait penseur, et une fois de plus, elle aurait bien aimé savoir ce qui lui traversait l'esprit dans des moments comme celui-ci. « Être banal ». Tu veux dire, être l'un de ces coureurs de jupons? Ou encore l'un de ces faux méchants qui prennent la fuite en voyant une araignée? La liste est longue. Tout ça pour dire que cela est inutile de vouloir ressembler aux autres. Think Me, par exemple, voulait être comme ces juments matures et responsables, autonomes et courageuses, séduisante mais si intelligentes... A la place, c'est une simple gamine incapable de se défendre et très peu sûre d'elle, qui essaie désespérément de savoir qui elle est, mais qui à la place se fait passer pour celle qu'elle n'est pas. C'est dans des cas comme ça qu'elle est naturelle sans vraiment s'en rendre compte. Généreuse et courageuse. Un brin naïve mais remplie de bonne volonté. Voilà la vraie Think Me. Celle que Cursed a découvert malgré lui.

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L'ENFER EST UN COEUR VIDE .

« Venez. »

« Je pense que cela suffit pour aujourd'hui. »

« Vous êtes épuisée et j'ai besoin de prendre l'air. »

[ On s'en fait un autre ? I love you

]